Constat
En France, un jeune sur trois a déjà connu une situation de mal-logement, et l’âge moyen de décohabitation atteint 23,4 ans, plus tardif que la moyenne européenne. Se loger ne devrait pourtant pas être un parcours du combattant. Car au-delà d’un toit, le logement est un espace d’autonomie, de dignité et de lien social.
Les formes classiques — foyers de jeunes travailleurs ou résidences étudiantes — ne suffisent plus à répondre aux besoins et aux aspirations d’une génération en quête de solidarité, d’écologie et de vie collective. De nouveaux modèles émergent, portés par des acteurs qui font du logement un outil d’émancipation et d’éducation populaire.
- L’UNHAJ défend une vision du logement collective, éducative et évolutive : des résidences modulaires aux colocations solidaires, en passant par la cohabitation intergénérationnelle ou les habitats mobiles. Chaque solution associe accompagnement socio-éducatif et vie collective, pour construire un véritable parcours résidentiel, du premier toit temporaire jusqu’à l’autonomie.
- L’AFEV développe les colocations solidaires KAPS, où des jeunes s’engagent dans les quartiers populaires tout en accédant à un logement abordable.
- Fratries, soutenue par la Fondation de France, crée des colocations inclusives entre jeunes actifs avec et sans handicap, à Nantes, Rennes ou Colombes.
- Lazare implante des colocations solidaires entre sans-abri et jeunes actifs dans une quinzaine de villes : en 2024, ces maisons ont permis d’éviter près de 30 000 nuitées à la rue, et 86 % des anciens colocataires en situation de rue déclarent avoir retrouvé des amis.
Ces initiatives démontrent que le logement peut être un levier éducatif et social. Il permet de construire l’autonomie tout en tissant des liens durables entre des personnes qui, sans cela, ne se seraient jamais rencontrées.
Léo Lagrange est convaincu que l’habitat peut faire grandir, relier r et émanciper – un habitat à taille humaine, solidaire et porteur de sens. Parce qu’un logement digne et partagé, c’est bien plus qu’un toit : c’est la première marche vers la citoyenneté, l’autonomie et la solidarité.
Propositions
Les communes ont un rôle décisif à jouer pour faire du logement un levier d’émancipation et de cohésion sociale. Pour soutenir ces initiatives, elles peuvent :
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Inscrire le logement jeune et solidaire comme une priorité du Plan local de l’habitat, afin de reconnaître pleinement sa dimension éducative et citoyenne.
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Mettre à disposition du foncier ou des bâtiments municipaux pour accueillir des projets de coliving associatif, inclusif ou intergénérationnel, porteurs de lien social.
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Tisser des partenariats durables avec les acteurs engagés — UNHAJ, AFEV, Fratries, Lazare, Cohabilis, mais également les bailleurs sociaux et associations locales — pour mutualiser les ressources et accompagner les jeunes vers l’autonomie.
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Garantir des loyers accessibles et sécurisés, afin que chaque jeune puisse se loger dignement, sans renoncer à ses projets de formation ou d’insertion.