Constat
Les budgets participatifs ne sont plus une curiosité. Depuis Porto Alegre à la fin des années 1980, ils ont prouvé qu’ils pouvaient transformer la démocratie locale en donnant aux habitants un rôle direct dans l’allocation des ressources publiques. En France, l’idée s’est installée : en 2024, 465 collectivités (dont 440 communes et 25 départements ou régions) avaient mis en place un budget participatif, et près d’un Français sur cinq vit aujourd’hui dans une commune où il peut proposer et voter des projets (Observatoire national des budgets participatifs, 2024).
Mais dans la majorité des cas, l’enveloppe reste limitée : environ 184 millions d’euros cumulés en 2024, soit en moyenne 6,24 € par habitant (Mairie-conseils / Caisse des Dépôts, Baromètre 2024). L’impact politique demeure donc marginal, réduit à une ligne de communication électorale dans bien des villes.
Or un budget participatif réduit à une vitrine n’est pas à la hauteur de ses promesses. Pour qu’il change réellement la donne, il doit être doté d’une part significative du budget d’investissement communal, quitte à bousculer les habitudes de gestion. C’est à ce prix qu’il peut redevenir un outil de justice territoriale, permettant d’investir là où les besoins sont exprimés par les habitants eux-mêmes.
C’est aussi un formidable levier éducatif : apprendre à débattre, à prioriser, à arbitrer collectivement entre différents projets. Là où les villes ont ouvert le vote aux enfants et aux jeunes — dès 7 ans à Paris (Mairie de Paris, Budget participatif 2024), sans condition d’âge à Grenoble lors du forum des idées (Ville de Grenoble, BP 2023) — l’exercice est devenu une école de citoyenneté vivante. Plus qu’un geste symbolique, c’est une manière d’ancrer la démocratie dans le quotidien.
Propositions
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Réserver une part claire et ambitieuse du budget d’investissement (5 à 10 %) pour les budgets participatifs, afin de dépasser le simple effet d’annonce.
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Allouer une enveloppe spécifique aux conseils d’habitant·es et aux conseils de jeunes, avec un véritable pouvoir de décision.
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Flécher une partie des crédits vers les quartiers défavorisés ou les zones rurales, pour corriger les inégalités d’investissement et renforcer l’équité.
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Accompagner les habitants par des ateliers de compréhension budgétaire, la mise à disposition de données transparentes et un soutien technique pour concrétiser les projets retenus.
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Assurer la redevabilité : publier un bilan annuel détaillant les projets votés, réalisés et leurs impacts, pour consolider la confiance.