Constat
Créé en 1983 à l’initiative de Robert Badinter, le travail d’intérêt général (TIG) portait une idée profondément humaniste : offrir une alternative à l’incarcération, souvent destructrice pour les courtes peines, et permettre à chacun de réparer en agissant pour la collectivité.
Plutôt que d’exclure, il s’agissait de redonner du sens à la sanction, en invitant les personnes condamnées à s’engager dans des missions sociales, culturelles ou environnementales.
Quarante ans plus tard, ce potentiel reste pourtant largement sous-exploité : le TIG ne représente que 7 % des peines prononcées en France, pour une durée moyenne de 93 heures. Mal encadré ou mal suivi, il perd parfois sa portée éducative et son impact sur la récidive s’en trouve affaibli.
Mais bien conçu, le TIG garde toute sa puissance transformatrice : il apprend la responsabilité par l’action, restaure la confiance, reconnecte à la société et fait de la réparation un acte d’utilité publique.
C’est une justice qui reconstruit au lieu de briser, une sanction qui éduque plutôt qu’elle n’exclut.
La Fédération Léo Lagrange appelle les communes et leurs partenaires locaux à s’engager pleinement dans ce dispositif en créant davantage de missions de TIG sur leurs territoires.
Organisées avec les associations, les services municipaux ou les régies de quartier, ces missions pourraient concerner des actions sociales, éducatives, culturelles ou environnementales.
Parce qu’en donnant la possibilité de réparer et de contribuer, on permet à chacun de retrouver sa place dans la société.
Pour Léo Lagrange, l’intérêt général, c’est aussi une école de la seconde chance.
Propositions
Un recensement local des besoins
Identifier avec les services municipaux et les associations les missions qui apporteraient une valeur ajoutée à la collectivité (environnement, solidarité, culture, sport, médiation).
Une inscription active sur la plateforme TIG
Chaque commune et ses partenaires s’engagent à proposer régulièrement de nouvelles missions adaptées aux profils et aux durées de peine.
Un encadrement pédagogique
Associer aux missions un tuteur pour donner du sens à l’expérience et accompagner la personne dans son parcours.
Une logique de partenariat
Travailler avec les acteurs de la réinsertion, mais aussi les associations d’éducation populaire, pour transformer le temps du TIG en temps de formation citoyenne et non en simple main-d’œuvre.
Une évaluation régulière
Mesurer l’impact des missions, non seulement sur la collectivité, mais aussi sur la trajectoire des personnes, afin d’améliorer en continu le dispositif.