Constat
L’espace public devrait être le lieu de tous, mais il ne l’est pas encore.
Beaucoup de jeunes, notamment les filles, les étudiants nouvellement arrivés ou les habitants des quartiers populaires, peinent à s’y sentir légitimes.
Entre peur du harcèlement, inquiétude parentale, stigmatisation des quartiers ou manque de transports, l’accès à la ville reste inégal.
Dans les territoires ruraux, d’autres freins s’imposent : distances longues, mobilité réduite, sentiment d’isolement qui restreignent l’accès à la vie sociale et culturelle.
Or, apprendre à se déplacer, à marcher ensemble, à franchir les frontières invisibles, c’est aussi apprendre la citoyenneté.
C’est faire l’expérience d’un espace partagé, sûr et accueillant, où la présence de chacun renforce la sécurité de tous.
Les travaux de Réjane Sénac le rappellent : s’approprier collectivement l’espace public, c’est un acte de justice sociale.
C’est refuser les murs invisibles qui séparent les quartiers, les genres ou les milieux sociaux.
Et dans les espaces ruraux, marcher ensemble ou organiser des trajets collectifs devient un moyen simple et puissant de rompre l’isolement, de créer du lien et de se sentir appartenir à une même communauté.
Pour Léo Lagrange, la ville et le village ne deviennent vraiment communs que lorsqu’ils sont vécus ensemble : en se croisant, en se parlant, en se reliant.
Parce qu’apprendre à occuper l’espace public, c’est déjà apprendre à faire société.
Propositions
La Fédération Léo Lagrange propose de mettre en place des marches collectives, sensibles, organisées par et pour les jeunes, inspirées du « pédibus », mais adaptées aux besoins et pratiques juvéniles :
- Trajets sécurisés vers les événements festifs, culturels ou sportifs, en particulier de nuit, pour lutter contre le harcèlement de rue, prévenir les conduites à risque (alcool, stupéfiants, conduite dangereuse) et favoriser les mobilités douces.
- Santé et autonomie : encourager la marche comme pratique régulière (trajets quotidiens, découverte de la ville, sorties éducatives) pour développer une hygiène de vie active.
- Sécurité réciproque : former les jeunes accompagnateurs aux gestes de premiers secours et à la prévention (PSCI, Premiers secours en santé mentale), afin que chaque groupe devienne un espace de vigilance partagée et d’entraide immédiate en cas de problème.
- Découverte et appropriation du territoire : associer ces marches à des visites culturelles ou patrimoniales avec des greeters, pour donner aux jeunes les clés de connaissance de leur commune.